G5 Sahel: "vache noire" ou vache maigre?

dim, 05/11/2017 - 23:44

G5 Sahel: "vache noire" ou vache maigre?

 

Anthony Fouchard, le correspondant d'Ouest-France au Mali a suivi la première partie de cette opération très médiatisée mais qui a mis en lumière l'implication massive de la force Barkhane. Sur le terrain, les Maliens sont escortés par des dizaines de soldats français qui assurent aussi l'essentiel de leur soutien logistique. Et si les décisions opérationnelles sont prises par un poste de commandement (PC) de la force conjointe à Niamey, c'est depuis une base avancée française implantée dans la région d'In Tillit, au milieu de la savane, que s'opère la coordination tactique de l'opération Haw Bi.

 

Voici son récit:
"La radio du VAB français crachote des consignes alors que la longue colonne de véhicule militaire s'ébranle dans le désert Malien : "Les gars, les FAMa (forces armées maliennes) sont avec nous, on est attentifs, il ne doit rien arriver". Les soldats maliens juchés sur des pick-up, prennent la tête du convoi pour cette première mission estampillée G5 Sahel, largement entourés par les forces françaises Barkhane. 
Objectif du jour : reconnaître l'axe de Tessin à Kaygourouten. La zone est un carrefour pour les groupes armés terroristes actifs dans la région. Dans cette partie du centre du Mali, les attaques contre l'armée nationale ou les forces étrangères sont quasi-quotidienne. 
A quelques dizaines de kilomètres de là, les soldats nigériens et burkinabé ont également entamé leurs manœuvres. En théorie, le G5 Sahel donne des pouvoirs étendus aux armées des pays signataires (Mali, Tchad, Niger, Mauritanie, Burkina Faso), elles peuvent ainsi s'affranchir des frontières et mener des poursuites par exemple chez leur voisin, si la situation l'exige. 
En pratique, le faible niveau d'équipement et l'absence totale de logistique ou de support aérien compromettent ce genre d'opération. Sur le terrain, difficile de constater autre chose. Ce sont les Français qui assurent la sécurité, au sol comme dans les airs, des militaires maliens. Même au moment d'établir un camp pour la nuit, les Français mobilisent leur équipe de déminage pour sécuriser la zone de repos des soldats du Mali. 
Malgré des moyens dérisoires, les forces armées maliennes ont tout de même réuni une centaine d'homme dans cette opération, dirigé par le lieutenant Gaoussou Diarra. "Nous avons moins de matériel que Barkhane, mais nous avons appris à leur côté. Cette mission, c'est nous qui l'a menons en tête, avec Barkhane en appui", tient-il à rappeler. Sur la reconnaissance des zones, les militaires maliens ont l'avantage, ils connaissent le moindre chemin, évitent les oueds dans lesquelles les lourds véhicules français risqueraient de s'ensabler. 
Mais pour l'instant les FAMa sont "clairement incapable de mener seul une opération de cet envergure", poursuit un officier Français. "Notre rôle c'est d'accompagner la montée en puissance de ces partenaires. Aujourd'hui, je ne vais pas vous le cacher, c'est difficile de dire s'ils seront opérationnels d'ici 2 ans", détaille le lieutenant-colonel Marc-Antoine, chef du poste de commandement tactique de Barkhane, déployé pour l'occasion. La colonne de blindé suit les traces laissées dans le sable par les pick-up des FAMa. La mise en place du G5 envoie quand même un "signal fort" estime le lieutenant-colonel, "qui prouve que toutes ces armées veulent et peuvent désormais travailler ensemble contre un ennemi commun".

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