450 djihadistes ont été tués par les Français au Sahel

ven, 23/02/2018 - 13:21

Au lendemain de l’attaque islamiste qui a tué deux soldats français, la ministre de la Défense nous dévoile le bilan de l’opération Barkhane lancée à l’été 2014.

Une guerre discrète mais impitoyable se déroule à quelque 3 000 km de Paris. Sur le territoire aride du Sahel, à cheval entre cinq pays, ce conflit sans merci oppose des djihadistes aux 4 000 soldats de la force Barkhane, héritière en août 2014 de l’opération Serval déclenchée début 2013 au Mali. Un engagement humainement coûteux pour la France : deux soldats ont encore été tués mercredi, emportés par la mine qui a fait sauter leur convoi, portant à 22 le nombre de militaires français morts au combat au Sahel.

Le week-end dernier pourtant, selon nos informations, les militaires célébraient une victoire. Dans la foulée de l’attaque d’un village situé à une centaine de kilomètres à l’Est de Gao, des terroristes s’étaient repliés vers un puits. L’exploitation d’un renseignement alerte alors les Français. Ils détectent le regroupement, frappent et tuent dix djihadistes. Une semaine plus tôt, à l’issue d’une mission préparée depuis des semaines, 23 terroristes étaient neutralisés par des commandos parachutistes des forces spéciales, appuyés par une frappe. La mort, parmi eux, de plusieurs cadres de cette « fédération » d’ultra radicaux très structurée (lire ci-dessous) est un coup dur.

 

De la matière première pour fabriquer des mines, des roquettes...

Voilà trois ans et demi que la France s’est engagée dans cette bataille de Barkhane conçue pour mettre hors d’état de nuire le millier de terroristes (les plus actifs) qui sévissent encore sur cette bande de terre sèche, aussi vaste que l’Europe. « L’un des nids du terrorisme mondial », insiste la ministre des Armées, Florence Parly. Où les militaires français ont déjà « neutralisé » - c’est-à-dire tué - 450 djihadistes depuis l’été 2014. Rien que sur les douze derniers mois, 120 ont été tués et 150 remis vivants aux autorités maliennes.

 

Du matériel aussi a été débusqué par les Français dans le Sahel : 22 tonnes en tout. « De la matière première pour fabriquer des IED (mines NDLR), tous types de calibre, des roquettes… », énumère un militaire de haut rang. Lorsqu’il est saisi, ce matériel n’est pas « recyclé » et utilisé par les soldats français ou africains : il est détruit.

 

Permettre à la France de passer le flambeau

Si la bataille se mène sur le terrain, elle est aussi conduite par la ministre des Armées qui œuvre en coulisses pour aider à mettre sur pied la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad). Cette armée devrait compter 5 000 hommes d’ici 2018… Et permettre à la France de passer le flambeau.

 

Ce vendredi à Bruxelles, une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement seront réunis lors d’une conférence des donateurs pour muscler leur soutien à cette force. « J’espère qu’elle sera un succès, nous confie Florence Parly. Je pense aux deux soldats qui ont payé cet engagement de leur vie. Et même si la force Barkhane n’a pas vocation à être éternelle, nous allons rester le temps qu’il faut. Mais pendant ce temps, les capacités de cette force conjointe doivent monter en puissance. »

 

Iyad Ag Ghali, cible n° 1

C’est l’ennemi numéro un des militaires français dans le Sahel. Iyad Ag Ghali, 60 ans, est un chef de guerre touareg. Dans sa jeunesse, il a combattu au Tchad, au Liban, et même auprès des troupes du colonel Kadhafi, en Libye. A la fin des années 1990, il commence à s’intéresser à l’islamisme avant de se radicaliser. En 2012, alors que la guerre commence au Mali, ce natif de l’Adrar des Ifoghas fonde le groupe terroriste Ansar Dine qui caresse l’espoir d’instaurer la charia dans ce pays.

 

Cinq ans plus tard, il parvient à rassembler les groupuscules djihadistes qui opèrent dans le Sahel. Nom de cette « fédération » : le Rassemblement pour la victoire de l’islam et des musulmans (RVIM). Ag Ghali fait l’objet de « soins particuliers », grince un gradé. Une cible « essentielle » à laquelle des moyens spécifiques sont affectés. En clair, pour la France, c’est l’homme à abattre.

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