Autant c’est difficile pour un Chef d’Etat de se maintenir au pouvoir, malgré l’importance de sa popularité et de ses réalisations, autant il lui est incertain de trouver un successeur loyal et fidèle, qui peut lui assurer une postérité paisible, loin des poursuites judicaires, du déni public et de la marginalisation.
Une lecture du cas sénégalais, à travers l’expérience de la relation solide liant les Présidents Léopold Seder Senghor et son héritier Abdou Diouf à la tête de ce pays frère et ami, permet bien de méditer, les chances aléatoires de réussite d’une succession bien préparée par un Président sortant.
En effet, après trois décennies de direction solitaire de son pays, Senghor, qui ressentait avec prestance la nécessité de s’en aller et de préparer l’alternance politique au Sénégal, avait nommé Abdou Diouf alors son Premier ministre, Président du Sénégal.
Abdou Diouf était incontestablement une œuvre politique créée de bout en bout par Senghor, promue graduellement à tous les postes névralgiques avant d’être nommée à la tête du gouvernement et enfin aux commandes du pays.
Après quelques années passées en France, Senghor voulut rentrer au Sénégal. Diouf mis alors à sa disposition un avion spécial pour l’emmener à Dakar lui et sa famille.
Quelques mois plus tard, désireux cette fois de retourner à Paris, Senghor se voyait adresser par son « œuvre Diouf », des billets d’avions première classe.
Ce qu’il déclinât, sans une certaine déception et surprise, signifiant qu’il est personnellement en mesure de payer lesdits billets.
Autant s’interroger, si en laissant le pouvoir, à son successeur profondément muri, civil ou militaire, le Président mauritanien Ould Abdel Aziz se sentira, à travers son héritier, omniprésent aux commandes du sérail ou fera l’objet, à l’image de Senghor, de l’égoïsme politique tel que présenté ci-dessus pour le cas sénégalais.