Ismail Ould Cheikh Ahmed : « Nous espérons qu’il y aura d’autres occasions pour que le roi se rende en Mauritanie »

lun, 02/07/2018 - 16:20

Sahara occidental, relations avec le Maroc, G5 Sahel, visite d’Emmanuel Macron… Le nouveau ministre des Affaires étrangères mauritanien, Ismail Ould Cheikh Ahmed, s'est entretenu avec Jeune Afrique en marge du 31e sommet de l'UA.

 

Envoyé spécial des Nations unies au Yémen depuis 2015, Ismail Ould Cheikh Ahmed vient d’être nommé, en juin, ministre des Affaires étrangères de Mauritanie. Sahara occidental, relations avec le Maroc, G5 Sahel, visite d’Emmanuel Macron… En marge du 31e sommet de l’Union africaine (UA), que son pays accueille jusqu’au 2 juillet, il accordé à Jeune Afrique sa première interview en tant que chef de la diplomatie.

 

Jeune Afrique : Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Moussa Faki Mahamat a remis son rapport sur le Sahara occidental, dans lequel il précise que la Mauritanie a réaffirmé sa position de « neutralité positive ». Quel rôle joue précisément votre pays dans la résolution de ce conflit ?

 

Ismail Ould Cheikh Ahmed : Étant très proche de cette crise, la Mauritanie souhaite voir ce conflit résolu le plus tôt possible. Cette situation ne peut pas durer, puisqu’elle fait souffrir toute la région en empêchant la construction du Maghreb arabe, tout en aggravant la situation des populations du Sahara lui-même. Nous reconnaissons la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et nous travaillons avec tous les partenaires pour aboutir à une solution.

 

Rabat veut que l’ONU demeure en charge de ce dossier, tandis que la RASD souhaite faire entrer l’UA dans cette médiation. Qui doit gérer cette crise ?

 

Souhaitant rester neutres, nous soutenons toute initiative qui pourrait permettre de sortir de cette impasse. J’ai reçu personnellement l’envoyé spécial des Nations unies Horst Köhler, après son entretien avec le président Mohamed Ould Abdelaziz. Il nous a fait part de son intention de lancer rapidement, avant le mois d’octobre, une invitation aux différentes parties. La Mauritanie soutiendra ses efforts.

 

Nous soutenons la candidature de louise Mushikiwabo à la tête de l’OIF

 

Concernant la réforme de l’UA, portée par le président en exercice Paul Kagame et Moussa Faki Mahamat, soutenez-vous leur proposition de sanction immédiate en cas de retard de paiement des pays membres ?

 

Certains pays sont déjà en retard, le Conseil exécutif a fait des recommandations et nous avons participé aux discussions. Mais ces mesures ne doivent pas être considérées isolément, elles font partie d’un ensemble, dont l’assainissement des dépenses. Moussa Faki Mahamat a formulé des propositions importantes dans le cadre d’une réforme globale, qu’effectivement nous soutenons.

 

Soutenez-vous la candidature de Louise Mushikiwabo à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) ?

 

Il y a une unanimité africaine et la Mauritanie n’ira jamais à l’encontre de cela. Nous soutenons donc la candidature de la ministre rwandaise des Affaires étrangères.

 

 

Regrettez-vous l’absence de Mohammed VI à Nouakchott ?

 

Nous avons envoyé une invitation à tous les chefs d’État. Certains d’entre eux ont eu des empêchements et nous respectons cela. Nous espérons qu’il y aura d’autres occasions pour que le roi se rende en Mauritanie. Il y a eu des difficultés entre nous mais désormais, nous avançons dans la bonne direction.

 

On ne peut pas se voiler la face, il y a des failles dans le système de sécurité

 

Le 29 juin, deux jours avant l’ouverture du sommet, le QG du G5 Sahel a été frappé par une attaque à Sévaré. Il y a eu d’importantes défaillances au niveau de la sécurité…

 

Il est clair qu’on ne peut pas se voiler la face, il y a des failles dans le système. Des faiblesses doivent être corrigées. Nous avons répété à Bruxelles que la sécurité du Sahel doit être débattue au Conseil de sécurité dans le cadre du chapitre VII des Nations unies, afin que nous soyons soutenus sur le plan financier et surtout politique. Cette situation peut devenir une menace mondiale si elle n’est pas prise en considération. Nous n’avons pas encore obtenu cet accord et nous le regrettons. Nous avons besoin de soutien et cela demande des moyens. Or, les moyens mobilisés sont très faibles.

 

Quelles mesures concrètes vont être prises suite à cette attaque ?

 

Les chefs d’État du G5 Sahel se sont réunis à ce sujet le 1er juillet. Dès que les failles auront été identifiées, nous agirons. Certes, il y a des faiblesses internes, mais la communauté internationale n’a pas été très généreuse, au-delà même de l’argent.

 

 

 

Emmanuel Macron effectue une visite officielle en Mauritanie jusqu’à demain. La première pour un chef d’État français depuis vingt ans…

 

Les présidents Aziz et Macron entretiennent de très bonnes relations, ils se comprennent. Tous deux ont, je pense, une vision très pragmatique de la sécurité de la sous-région. Le courant passe très bien et sa visite est une bonne nouvelle pour nous.

 

Jeune Afrique

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