Présidentielle 2019 : de bons candidats pour de mauvais citoyens

mer, 15/05/2019 - 09:16

On va élire un président. Oui, oui, « élire ». Vous avez bien lu. Le processus est - déjà – bien entamé : précampagne, initiatives (à profusion et à « provisions »), aller-retour de la majorité à l’opposition, alliances et mésalliances, (d)ébats sur les chaînes privées, les réseaux sociaux. 

Ça fait une démocratie, non ? Ce qui compte, après tout, c’est la forme. Depuis 1992, on joue à cette gymnastique populaire. A vos marques, aux urnes, votez ! Six élections présidentielles au compteur : 1992, 1997, 2003, 2007, 2009 et 2014. Cinq coups gagnants pour le président sortant. Taya : 3. Aziz : 2.

Et un coup « fourré ». Forcé : Sidioca 2007. La situation était particulière, il est vrai. Election en « pilotage automatique ». Déconstruction du PRDS. Apparition des indépendants – dépendants ! Pourtant, cette élection était déterminante pour notre démocratie « en construction ». Après dix ans, les mauritaniens sont toujours en quête de ce Graal.

Aujourd’hui, elle est « si loin, si proche ». La même illusion qu’en 2007 ? Le camp du « président des pauvres » a un nouveau champion : le « candidat du consensus ». Un général à la retraite pour assurer la continuité. 

Rassurer ? Pas forcément. La période d’accalmie durera le temps qu’il faut pour que le nouveau président se mette à reproduire les mêmes erreurs qui empêchent la Mauritanie d’être un pays « normal ». Il évoquera, à chaque occasion, ces « accumulations » qui plomberaient son action de développement.

Alors, politiciens véreux et opportunistes de tous bords déchargeront leur bile sur le passé, pas si lointain, dans lequel ils avaient pourtant trempé. On oubliera si vite le temps glorieux du « président des pauvres » et du bâtisseur de la « Mauritanie Nouvelle » comme on ne se rappelle plus maintenant de l’avènement du 12/12 ou de l’épopée des Structures d’Education des Masses.

Il suffit au nouveau président de construire une école pour qu’on oublie les écoles d’Aziz. Dix kilomètres de goudron mal foutu traversant un quartier conquis par les ordures feront oublier les routes qui étaient pourtant la fierté du pouvoir en place ! Pour les politiques, seul le présent compte. Les thuriféraires de l’actuel président seront ses pires ennemis. Ils oublieront les réalisations tant chantées. 

La « décennie des lumières ». Ils auront tendance plutôt à le charger de tous les malheurs de ce pays. Les fidélités en politique n’existent pas sinon Aziz n’aurait pas « hérité » si facilement des milliers d’aèdes qui chantaient la gloire de Taya ! Notre vie politique se résume à une répétition de faits et d’attitudes : le président est parti, vive le président ! Après la gloire, l’oubli. En Mauritanie, on prête allégeance à un pouvoir, jamais à un homme. 

Sneiba Mohamed 

http://elhourriya.net/fr/node/1485

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