Monsieur le Président, reprenez-vous

mer, 22/05/2019 - 22:47

En 2005 vous aviez pris la décision, risquée, de renverser l’ancien Président Ould Taya, acte courageux, mais illégal, indépendamment de l’espoir qu’il a fait naître chez beaucoup de Mauritaniens. 

Trois ans plus tard, vous avez récidivé, en renversant le Président Sidi Ould Cheikh Abdellahi, démocratiquement élu par la majorité du peuple Mauritanien. En 2009, vous vous êtes fait élire Président de la République, dans des circonstances peu orthodoxes, que les Mauritaniens sont loin d’avoir oubliées. Et depuis…

Vous avez alterné l’illégal et l’inacceptable, en imposant l’impensable, en détruisant les bases sur lesquelles reposait le socle social, ciment de l’unité nationale, déjà bien secouée : drapeau, hymne national, monnaie, pire, l’histoire du pays, en cours de « réécriture ».

Les mille et un "projets", que vous avez entrepris, avec ceux qui ont votre confiance, ont certes donné l’illusion d’une reprise économique, vite mise à nu, par les limites restreintes de leur impact sur le pays.

Les gestes que vous avez initiés en faveur des pauvres, vos pauvres, ont plus profité aux riches responsables de votre administration qu’aux pauvres, eux-mêmes.

Face au honteux phénomène de l’esclavage, vous avez trouvé une solution, bien à vous, qui consiste à l’étendre à l’ensemble vos concitoyens en hypothéquant leur liberté et leurs ressources, au profit des féodaux et despotes du Golf.

Avec la fin de votre deuxième mandat, vous avez accepté de vous soumettre, en fin, aux dispositions de la Constitution, en acceptant de vous retirer, physiquement, du pouvoir. Une première victoire, sur vous-mêmes, et sur la pratique illégale des coups d’Etats militaires, saluée par l’ensemble du peuple Mauritanien et des démocraties occidentales.

Cette victoire risque de se transformer en catastrophe nationale, si vous vous obstinez à mettre les moyens de l’Etat et votre flagrant appui personnel, au nouveau candidat que vous avez choisi pour vous succéder.

Le véritable danger qui menace le pays, et vous menace, serait l’aboutissement du troisième grand coup d’Etat que vous êtes en train de fomenter contre…vous-mêmes.

De grâce, reprenez-vous, Monsieur le Président.

Ahmed Ould Mohamed 
 

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