
Les concertations- ou dialogue, comme dit l'opposition- sont suspendues. C'est le ministre Secrétaire général de la Présidence de la République, Yahya Ould Ahmed El Whaghef, président de la Commission de supervision, qui vient d'en faire l'annonce.
En réalité, les raisons qui ont poussé à surseoir à l'ensemble de l'opération énumérées par Ould Ahmed El Waghef, sont celles observées, dès le début, par ceux qui doutaient de la bonne foi d'une opposition pourtant demandeuse du dialogue. Vivant elles-même des troubles internes dus à des tiraillements de leadership entre ses différentes chapelles, l'opposition étaient entrée dans ces concertations avec la volonté de manœuvrer pour en empêcher le bon déroulement. Elle oublie ainsi une donne essentielle : la majorité n'a pas besoin de dialoguer ; le pouvoir ne vie aucune crise, ni politique, ni économique ni sociale. Certes, il y a des hauts et des bas, comme dans toute gestion, notamment dans un contexte mondial perturbé par la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) et secoué par la crise ukrainienne, mais le gouvernement a su s'adapter à la situation pour en sortir avec le moins de dégâts possibles.
La volonté de tenir ces concertations n'étant pas dictée par de impératifs de crise, ne répondait, en réalité, qu'à ce désir d'ouverture et d'apaisement que le Président Ghazouani a initié, dès août 2019, et qui donnait à l'opposition l'opportunité de VIVRE la politique sans être "sous tension ", comme durant toute la décennie 2009-2019.
Si le contexte actuel n'est pas propice à la poursuite de concertations dont l'opposition ne veut pas, même en ayant le plus de profit à en tirer, il faudra bien que, tôt ou tard, elle se rende compte de la nécessité de taire ses dissensions et d'accepter de s'asseoir autour de la même table avec la majorité. Car il y a un "minimum vital " pour préparer les échéances électorales prochaines (municipales, législatives, régionales, en 2023, et présidentielles, en 2024). L'opposition qui ne bénéficie pas des faveurs du rapport de force actuel ne peut continuellement "fuir" des concertations dont elle est demandeuse et qui lui profitent en premier lieu.
Il faut espérer donc que, dans quelques mois (d'ici fin 2022), les "oppositions " qui font de la résistance aux concertations nationales auront accepté de mettre de l'eau dans leur "zrig" (politique) pour aller à des concertations dont le pouvoir ne veut exclure personne.
Sneiba Mohamed