L’opposant a pour la première fois été confronté à celle qui l’accuse de viols, chaque camp accusant l’autre d’avoir refusé de répondre aux questions du magistrat.
L’affaire est, depuis le début, très suivie au Sénégal : ce mardi 6 décembre, l’opposant Ousmane Sonko a pour la première fois été confronté à celle qui l’accuse de viols au palais de justice de Dakar. À l’issue d’une audience qui a débuté aux environs de de 11 heures (GMT et locales) et qui a duré près de sept heures, devant le juge d’instruction Oumar Maham Diallo, chaque camp a accusé l’autre d’avoir refusé de répondre aux questions. Un important dispositif de sécurité avait été déployé dans toute la capitale, et notamment autour du tribunal.
La mise en cause d’Ousmane Sonko, principale figure de l’opposition sénégalaise, puis son arrestation en mars 2021 avaient contribué à déclencher plusieurs jours d’émeutes, de pillages et de destructions, qui avaient fait une douzaine de morts.
Ousmane Sonko, 48 ans, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, a été inculpé pour viols et menaces de mort et placé sous contrôle judiciaire en mars 2021, après avoir été visé en février 2021 par la plainte d’Adji Sarr, une employée d’un salon de beauté où il allait se faire masser.
L’accusé et la plaignante dos à dos
« Ce n’était pas une confrontation, c’était un massacre », a brièvement commenté l’opposant, qui s’exprimait devant son domicile, à Dakar. La partie adverse a affiché la même insatisfaction : « J’ai été un peu déçue. Je m’attendais à une confrontation » mais « [Ousmane Sonko] a refusé de parler, a déclaré Adji Sarr à sa sortie du tribunal. Il n’a pas répondu au doyen des juges, aux avocats et au procureur. Moi j’ai répondu à leurs questions. » « Ousmane Sonko a refusé de répondre aux questions du parquet et des avocats. À la barre du tribunal, les preuves vont sortir », a renchéri El Hadji Diouf, avocat d’Adji Sarr, en allusion à un éventuel procès.
« C’est à eux [aux plaignants] d’apporter les preuves des accusations de viols. Ils n’ont donné aucune preuve. Elle [Adji Sarr] a usé de son droit de ne pas répondre aux questions des avocats. Le non-lieu s’impose », a objecté l’un des avocats d’Ousmane Sonko, Henri Gomis, à l’issue de l’audience.
Ousmane Sonko dénonce un « complot » pour torpiller sa candidature à la présidentielle de 2024. Arrivé troisième à la présidentielle de 2019, il tient un discours à la fois souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption. Le camp du président Macky Sall réfute néanmoins toute instrumentalisation de la justice