Sénégal : une manifestation contre le report de la présidentielle violemment dispersée

dim, 04/02/2024 - 17:14

Des heurts ont éclaté dimanche après-midi à Dakar, où les gendarmes sénégalais ont dispersé à coups de gaz lacrymogènes des centaines de personnes venues manifester contre le report sine die de la présidentielle prévue à la fin du mois, annoncé la veille par le président Macky Sall.

De la fumée de gaz lacrymogènes s'élève de voitures participant à une manifestation à Dakar.
La police anti-émeute sénégalaise tire des gaz lacrymogènes sur les partisans du candidat de l'opposition à la présidentielle Daouda Ndiaye, à Dakar, au Sénégal, dimanche 4 février 2024. © Stefan Kleinowitz, AP

Au Sénégal, des heurts ont éclaté dimanche 4 février, dans l'après-midi, à Dakar où les gendarmes sénégalais ont dispersé à coups de gaz lacrymogènes des centaines de personnes venues manifester à l'appel de plusieurs candidats de l'opposition contre le report de la présidentielle du 25 février, annoncé la veille par le chef de l'État, Macky Sall.

Des hommes et des femmes de tous âges, agitant des drapeaux du Sénégal ou portant le maillot de l'équipe nationale de foot, ont convergé en début d'après-midi vers un rond-point sur l'un des axes routiers principaux de la capitale, à l'appel de plusieurs candidats.

"Nous sommes sortis pour dire non à cette forfaiture, non à ce coup d'État constitutionnel", a déclaré à l'AFP l'un des manifestants, Demba Ba, 36 ans.

Les gendarmes, déployés en grand nombre, ont déclenché un tir nourri de gaz lacrymogènes pour les disperser. Puis ils se sont enfoncés à pied ou en pickups dans les quartiers adjacents à la poursuite des manifestants en fuite. Ils ont alors essuyé de nombreux jets de pierres. Des jeunes scandant "Macky Sall dictateur !" ont entrepris de dresser des barrages avec des moyens de fortune.

L'un des candidats à la présidentielle, Daouda Ndiaye, a posté sur les réseaux sociaux un message où il assure avoir été "brutalisé" par les forces de l'ordre, et rapporte que certains de ses collaborateurs ont été "arrêtés".

Ce sont les premiers heurts consécutifs à l'annonce, samedi, par le président Macky Sall, du report sine die de la présidentielle du 25 février.

Inquiétudes à l'international

Le report de la présidentielle a suscité un tollé et fait craindre un accès de fièvre dans un pays réputé comme un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest, mais qui a connu différents épisodes de troubles meurtriers depuis 2021.

L'annonce a aussi provoqué l'inquiétude à l'étranger.

Plusieurs candidats d'opposition ont annoncé à la presse leur décision d'ignorer la décision du président Sall et de maintenir le lancement de leur campagne dimanche.

L'Union européenne et la France, importants partenaires du Sénégal, ont affirmé que le report de la présidentielle ouvrait une période "d'incertitude", et ont appelé à des élections "dans les meilleurs délais".

Les États-Unis et l'organisation régionale Cedeao, dont le Sénégal est membre, ont exprimé leur inquiétude, et ont demandé aux autorités de fixer rapidement une nouvelle date.

Le président Sall a annoncé samedi, quelques heures avant l'ouverture officielle de la campagne, l'abrogation du décret convoquant le corps électoral le 25 février.

C'est la première fois depuis 1963 qu'une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal, un pays qui n'a jamais connu de coup d'État, une rareté sur le continent.

Le président Sall a invoqué le conflit qui a éclaté entre le Conseil constitutionnel et l'Assemblée nationale après la validation définitive par la juridiction de vingt candidatures et l'élimination de plusieurs dizaines d'autres

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