
La France a été placée en "urgence attentat" tandis que des centaines de policiers et militaires étaient engagés dans une vaste chasse à l'homme pour retrouver l'auteur de la fusillade qui a fait au moins trois morts mardi soir sur le Marché de Noël de Strasbourg.
Quelque 350 personnes, dont 100 membres de la police judiciaire, des militaires et deux hélicoptères, sont aux trousses de l'assaillant, a indiqué le ministre français de l'Intérieur Christophe Castaner dans la nuit de mardi à mercredi à Strasbourg, où il a été dépêché par le président Emmanuel Macron.
"A partir de 19h50 (18H50 GMT), un homme, sur trois points de la ville, a semé la terreur", a déclaré le ministre sans dévoiler l'identité de l'auteur de cette attaque, qui a fait deux morts, neuf blessés graves et cinq blessés légers. L'auteur des faits est "fiché S", a précisé la préfecture. Les individus fichés S (pour "sûreté de l'État") sont pour moitié environ des islamistes radicaux.
Mais le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez a indiqué mercredi matin que "la motivation terroriste" de l'attaque n'était "pas encore établie", invitant à la "plus grande prudence" sur la qualification des faits.
L'auteur est "activement recherché par les forces de l'ordre", appuyées par des moyens aériens, des équipes d'élite de la police et de la gendarmerie, ainsi que des éléments de la force Sentinelle, une force militaire créée après les attentats de janvier 2015 à Paris, a indiqué la préfecture.
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Cette importante mobilisation intervient au moment où les forces de sécurité sont déjà grandement mises à contribution en raison de la crise des "gilets jaunes", dont les dernières manifestations ont été émaillées de violences. L'assaillant a par deux fois échangé des coups de feu avec les forces de sécurité avant de s'enfuir. Il a été blessé par une patrouille de soldats de l'opération Sentinelle qui sécurisent le Marché de Noël, a expliqué une source policière.
M. Castaner a précisé que l'auteur de l'attaque était "très défavorablement connu pour des faits de droit commun, pour lesquels il a déjà fait l'objet de condamnations en France et en Allemagne et pour lesquels il a purgé ses peines".
Selon une source proche du dossier, le suspect, un homme de 29 ans, devait être interpellé mardi matin par les gendarmes dans une enquête de droit commun.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "assassinats, tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle".
"On a entendu plusieurs coups de feu, trois peut-être, et on a vu plusieurs personnes courir. Les gens du bar ont crié 'ferme, ferme' et le bar a été fermé", a raconté un témoin joint par l'AFP et confiné dans son appartement.
Urgence attentat
didier reynders✔@dreynders
Mes pensées vont aux familles et aux amis des victimes de la fusillade à #Strasbourg Nous sommes solidaires avec nos amis français #Belgique #France
Après cette attaque, le gouvernement a rehaussé à "urgence attentat", soit son niveau maximal, le plan national de lutte contre le terrorisme Vigipirate. Cette mesure comprend "la mise en place de contrôles renforcés aux frontières, et des contrôles renforcés sur l'ensemble des marchés de Noël en France pour éviter le risque de mimétisme", a indiqué le ministre de l'Intérieur.
Mardi soir, le président Emmanuel Macron a exprimé sur Twitter la solidarité de la "nation tout entière".
Cette fusillade intervient alors que la France vit sous une menace terroriste élevée depuis la vague d'attentats jihadistes sans précédent qui a fait 246 tués depuis 2015. Le pays a été frappé deux fois cette année au cours d'attaques qui ont fait cinq morts.
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Le 12 mai dernier, une personne avait été tuée dans une attaque au couteau menée par Khamzat Azimov, assaillant de 20 ans abattu par la police dans le quartier touristique de l'Opéra à Paris.
Le 23 mars, Radouane Lakdim, un délinquant radicalisé de 25 ans, avait volé une voiture à à Carcassonne (sud) dont il avait abattu le passager et blessé le conducteur. Il était ensuite entré dans un supermarché à Trèbes, non loin de là, où il avait tué un boucher, un client ainsi qu'un gendarme qui s'était offert comme otage à la place d'une femme.