
Hatice Cengiz, qui publie un livre sur le chroniqueur assassiné, évoque dans Paris Match sa relation, 4 mois après sa mort.
Pour elle, l'affaire Khashoggi est avant tout un drame intime. Il y a quatre mois, Hatice Cengiz accompagnait son fiancé au consulat saoudien d'Istanbul où il venait chercher un certificat de divorce nécessaire à leur futur mariage. Le chroniqueur du Washington Post, critique du prince héritier Mohamed ben Salmane (MBS), n'en est jamais ressorti. Dans une interview à Paris Match, la veuve de 36 ans, d'origine turque, raconte les dernières heures de son compagnon et sa rencontre avec cet homme de 23 ans son aîné.
"Attends-moi là. Ce ne sera pas long." Tels sont les derniers mots adressés par Jamal Khashoggi à sa fiancée le 2 octobre dernier. Ce jour-là, Hatice Cengiz était inquiète, mais pas lui. Elle avait annulé ses cours à l'université pour le suivre dans ses démarches. "Dans le taxi, nous avons parlé du réfrigérateur qu'on devait nous livrer", explique-t-elle à l'hebdomadaire. Trois semaines plus tôt, le chroniqueur avait acheté une maison pour le couple. Il était heureux de se rendre au consulat pour obtenir enfin le sésame permettant le mariage. Hélas, sa fiancée avait raison d'avoir peur. "Une heure plus tard, j'ai commencé à m'inquiéter", confie-t-elle à Paris Match. "Il n'y a plus personne à l'intérieur", lui a lancé un homme du consulat.
"Quelque chose de fort"
Le couple s'était rencontré début 2018 à Istanbul, lors d'une conférence. Hatice Cengiz, qui terminait son doctorat, voulait rencontrer cet intellectuel "saoudien avec des origines turques", "ni trop progressiste ni trop conservateur", avec qui elle avait "une réelle convergence de vue sur beaucoup de sujets", explique-t-elle à Paris Match. La doctorante a enregistré sa conversation avec Jamal Khashoggi dans le but de la publier. Leurs échanges se sont ensuite multipliés. Un jour, dans un café, le chroniqueur lui a confié combien son divorce l'avait fait souffrir. "Quelque chose de fort se passait entre nous. Un sentiment naissait", explique Hatice Gengiz à l'hebdomadaire. Fin juillet, il l'a demandée en mariage.
Aujourd'hui, elle vit toujours à Istanbul mais ne sort pas sans son garde du corps. Après avoir nié le meurtre de Jamal Khashoggi, l'Arabie saoudite a finalement reconnu la responsabilité d'hommes de main du régime, tout en rejetant la responsabilité du prince héritier. Le corps de Jamal Khashoggi, lui, n'a toujours pas été retrouvé. Pour exorciser sa douleur, la trentenaire sort ce mois-ci un livre en langue turque. Son titre : Jamal Khashoggi : sa vie, son combat, ses secrets.
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