
De la drogue pour tout le Maroc. La chaîne de télévision espagnoleCuatro a rencontré, à Tanger, un trafiquant de drogue surnommé le “Pablo Escobar” du Maroc.
“Combien gagne-t-il?”, “Comment fait-il?”, “D’où viennent ces pilules vendues ici sous le nom de karkoubi?”. Le journaliste espagnol retrouve le trafiquant près d’un cimetière de la ville du Détroit, son territoire. Aucun détail sur son identité n’est dévoilé et, pour rester à l’abri des regards, l’interview se déroule dans une maison abandonnée, contrôlée par “Pablo Escobar”. Tout autour, les “hommes du narco-trafiquant” montent la garde.
Première question: que faites-vous comme trafic? “Trafic de tout”, répond le Marocain. “Trafic de drogue, de haschich, Trankimazin, Rivotril... Toute la drogue”. Mais le “Pablo Escobar” du pays a une spécialité: le karkoubi, cette drogue qui inonde le Maroc depuis quelques années. Elle est créée à partir de tranquillisants ramenés tout droit d’Espagne, “car ce sont les meilleurs”, affirme-t-il.
Combien vend-il de pilules par jour? “Beaucoup”, confie le narco-trafiquant. 1.000 boîtes de 36 comprimés par mois, 36.000 comprimés au total valant chacun 55 dirhams. “Autrement dit, le trafiquant de drogue gagne 180.000 euros par mois, avec les médicaments espagnols”, détaille un article accompagnant la vidéo partagée par la chaîne Cuatro.
Au milieu de l’interview, le journaliste espagnol sursaute. À tout moment, la police peut faire une descente dans la maison. Le trafiquant le rassure, il ne se passera rien ici, c’est chez lui, son fied. L’interview peut reprendre.
CUATRO
“Qui consomme le karkoubi?”. “Tout le Maroc, jusqu’au Sahara. Petits et grands. Les collégiens et collégiennes. Avec la chicha. Des enfants de 18, 17 ans”, ajoute “Pablo Escobar”. Beaucoup d’entre eux ont des problèmes, des problèmes avec leur mère, n’ont pas de père, “c’est pour tuer les problèmes”.
Pourtant, les effets de cette drogue sont plus que dangereux. Le karkoubi fait perdre tous ses moyens au consommateur. Après avoir pris la drogue, “beaucoup de personnes tuent leurs amis”, explique le trafiquant. Il remonte sa veste pour montrer une cicatrice sur son bras: après avoir pris cette drogue, il s’est auto-mutilé. Mais il ne se souvient pas de ce qui s’est exactement passé. Il y a aussi des gens “qui passent 10 jours en prison et qui ne savent pas s’ils sont en prison ou à la maison”.
Que risque-t-il si la police le retrouve avec sa drogue? Seulement 5 ans, d’après lui. Mais ce n’est pas un problème, tranche-t-il, car au Maroc, “la police prend l’argent, j’appelle mon avocat et il paye”.
En mai 2018, un réseau de trafiquants de “karkoubi” entre l’Espagne et le Maroc était démantelé à Malaga. Les 40 personnes arrêtées, dont trois hommes qui assuraient la direction des opérations, deux Marocains et un Espagnol, ont été poursuivies pour leur implication présumée dans des crimes de contrefaçon, contre la santé publique et pour appartenance à un groupe criminel.
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