La Mauritanie pleure son défunt dirigeant et héros, le lieutenant-colonel Ahmed Ould Bouceif...Vidéo

sam, 25/11/2023 - 14:02

Ahmed Ould Bouceif était l'officier militaire le plus professionnel de sa génération, le plus compétent, le plus fidèle au projet de l'État mauritanien et le plus soucieux de l'unité nationale et de ses dénominateurs communs.

Invité par un membre de la branche civile du putsch à participer aux préparatifs du coup d’État du 10 juillet 1978, il refusât en disant : « Vous m’appelez à la trahison ».
Sa moralité l’avait retenu de « dénoncer » les conspirateurs de la « trahison ».
Ould Bouceif a rejeté également, après le coup d'État et en dépit de son entrée au gouvernement en tant que ministre de la Pêche, de rejoindre le Comité Militaire de Salut National (CMSN).
Au milieu des conflits et des intrigues mutuelles au sein du CMSN, Ahmed s'est fermement opposé aux officiers les plus impulsifs et les moins responsables, qu'il considérait comme exposant le sort de la nation, au détriment d'agendas personnels étroits et irrationnels, à l’inconnu et aux risques.
Bouceif s’est opposé aussi aux officiers rebelles et ceux parmi eux qui ont des attitudes grises, convaincus que les fomenteurs n'étaient pas aptes à diriger des pays, à fortiori en temps de conflit, de crise et à la croisée des chemins.

Il est clairement apparu, dès le début de l'année 1979, et au milieu de la confusion et du manque de vision qui caractérisent le nouveau régime, que les positions du lieutenant-colonel Ahmed Ould Bouceif reposent sur quatre déterminants : la nécessité du retour définitif et dans le plus bref délai des militaires à leurs casernes, la libération immédiate et inconditionnelle du Père de la Nation feu Mokhtar Ould Daddah (en lui accordant un rôle politique significatif s'il le souhaite), le maintien de l'alliance avec le Maroc et la réconciliation avec l'Algérie sans céder la terre.

Qu’est-ce qui allait alors se passer, si le tragique accident aérien du 28 mai 1979 au large de Dakar, la capitale sénégalaise, ne s’était pas produit et si le sort avait prolongé et retardé la vie d’Ould Bouceif ?
Beaucoup sont certains qu'Ould Bouceif ne serait pas resté au pouvoir un seul mois après son retour de Dakar, notamment Ahmedou Ould Abdallah, le ministre des Affaires étrangères à cette époque, qui se dit certain qu'il serait démis de ses fonctions, en raison du conflit patent au sein de l’armée qui a atteint son paroxysme.
De même, Philippe Marchesin, qui affirme catégoriquement, de ce qu’il a appelé une hostilité farouche de la majorité des membres du CMSN à Ould Bouceif, lors de son dernier déplacement le 28 mai, vers Dakar, laissant une patrie toute entière pleurer son héros et son vaillant dirigeant

La raison de la mobilisation des officiers contre Ould Bouceif était-elle due à sa pensée différente et à sa forte croyance en un État civil national, où chacun travaille à partir de sa propre position professionnelle ?

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Ould Bouceif selon « Le Monde »

Le premier ministre mauritanien, le lieutenant-colonel Ahmed Ould Bouceif, a trouvé la mort, le 28 mai, dans un accident d'avion au large de Dakar. Il venait au Sénégal participer au cinquième sommet des chefs d'État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Un vent de sable d'une intensité exceptionnelle soufflait sur la presqu'île du Cap-Vert lorsque l'avion de commandement du lieutenant-colonel Bouceif amorça sa descente vers l'aéroport de Yoff, refusant, semble-t-il, de suivre les conseils de la tour de contrôle qui lui recommandait de rebrousser chemin. Les personnalités officielles sénégalaises qui l'attendaient virent l'appareil survoler à très basse altitude la piste d'atterrissage, que le pilote n'avait apparemment aperçue que tardivement, puis continuer son vol avant de s'abîmer dans la mer.

En fin d'après-midi, l'épave put être repérée par des éléments de la marine française stationnés à Dakar partis à sa recherche en dépit du mauvais temps persistant. Il était trop tard pour envoyer des hommes - grenouilles dégager les corps des victimes, ce qui ne devait être fait que ce lundi. Le président Senghor a adressé un télégramme de condoléances aux autorités mauritaniennes, qui, de leur côté, ont annoncé l'envoi à Dakar d'une délégation de haut rang.

Premier ministre et " homme fort " de la Mauritanie depuis sept semaines seulement, le lieutenant-colonel Ahmed Ould Bouceif passait pour libéral et " pro-occidental ". Jusqu'en avril, il était demeuré à l'écart de la scène politique. Âgé de quarante-cinq ans, il était né en 1934 à Kiffa dans le centre du pays. Issu d'une tribu guerrière, il était entré dans l'armée en 1962 avant de suivre plusieurs stages de formation en France, en particulier à l'École d'application de l'arme blindée et de la cavalerie de Saumur et à l'École d'application de l'infanterie de Saint-Maixent.

Il fut ensuite successivement préfet à Bir-Moghrein, dans l'extrême nord mauritanien, gouverneur adjoint de la région de Nouadhibou et gouverneur à F'Derik, près de Zouérate. Le 24 juin 1976, le président Moktar Ould Daddah le nomme, alors qu'il est commandant, chef d'état-major de l'armée. Il est élevé au grade de lieutenant-colonel le 1er octobre 1976. Il dirige ensuite la deuxième région militaire (Zouérate) en 1977 et doit notamment faire face aux raids de plus en plus menaçants du Front Polisario.

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