
Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a appelé samedi dernier à des négociations “directes et sérieuses” entre la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et le Maroc, en vue de parvenir à un règlement du conflit au Sahara occidental, où la reprise des hostilités en novembre a brisé un cessez-le-feu vieux de 30 ans.
“L’envoyé personnel ne suffit pas ; il faut qu’il y ait un processus (...) Nous continuons à dire qu’il faut des négociations directes et sérieuses entre les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario”, indique le ministre à la presse, en marge du Forum de l’économie de la culture. “Nous demandons depuis presque deux ans la désignation d’un nouvel émissaire pour le Sahara occidental”, rappelle M. Boukadoum, notant qu’une dizaine de candidats proposés pour occuper ce poste vacant depuis 2019 ont “tous été rejetés par une partie au conflit”. “Il y a un plus grand intérêt de la part des membres du Conseil de sécurité, évidemment de la part de l’Algérie nous sommes très présents”, dira-t-il à ce propos.
Interrogé sur le prochain briefing au Conseil de sécurité, prévu le 21 avril, sur les développements au Sahara occidental, le ministre précise que la réunion de cette année intervient dans un “contexte nouveau, celui de la rupture du cessez-le-feu”. Il ajoute que l’Algérie discute de cette question avec les 15 membres du Conseil de sécurité, qualifiant ces consultations de “bonnes”.
Il s’agit, selon M. Boukadoum, d’une question importante aussi bien pour la sécurité de l’Algérie que pour la paix dans la région. Invité à commenter le rapport accablant du département d’État sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés, le ministre précise que l’Algérie continue de plaider pour l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme, regrettant que “certains équilibres” au sein du Conseil de sécurité aient empêché la mission onusienne d’être dotée d’une composante des droits de l’Homme.
L’ONU a déclaré récemment qu’elle était toujours en quête d’un émissaire pour le Sahara occidental, évoquant des “difficultés” à trouver le bon profil pour occuper ce poste vacant depuis près de deux ans. En mars dernier, le porte-parole de l’ONU a refusé d’imputer la responsabilité de la vacance de ce poste au SG de l’ONU. “Le secrétaire général s’est efforcé de pourvoir le poste, mais comme dans beaucoup de ces nominations, tous les leviers ne sont pas entre ses mains, même s’il fait de son mieux”, a-t-il, alors, déclaré.
Lundi, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a souligné au cours d’un entretien en ligne avec le chef de l’ONU “le soutien des États-Unis aux négociations politiques”, exhortant M. Guterres à accélérer la nomination d’un envoyé personnel pour ce territoire non autonome. L’ancien président allemand Horst Kohler s’est retiré en mai 2019 de son poste d’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental après vingt mois d’intense médiation qui l’ont vu insuffler une nouvelle dynamique au processus de paix de l’ONU. Avec le départ de M. Kohler, le Sahara occidental aura consommé quatre médiateurs après les deux Américains James Baker et Christopher Ross et le Hollandais Peter Van Walssun.