Monsieur Isselmou Ould Abdelkader, Ancien Ministre de la Santé et des Affaires sociales:

sam, 19/04/2025 - 21:54

Permettez-moi tout d’abord de saluer la franchise de votre témoignage et la profondeur de votre engagement envers notre pays. Vos mots, empreints d’inquiétude, mais aussi de loyauté, témoignent de votre attachement sincère à la Mauritanie et à la cause de la santé publique.

Je ne peux vous répondre sans souligner le profond respect que je vous voue, non seulement en tant qu’ancien ministre, mais aussi en tant que compagnon politique, dont la rigueur, l’intégrité intellectuelle et le sens de l’État ont marqué plus d’une génération. À vos côtés, et aux côtés de figures éminentes comme Ahmed Ould Sidi Baba, feu NgamLirwane, feu Mohamed Saïd Ould Homody, feu Idoumou Ould Soumbara, et feu Maelainine Robert, j’ai appris ce que signifient l’engagement, la loyauté et le combat pour l’intérêt général. Vous avez été, pour moi et pour beaucoup d’autres, une véritable école politique et morale.

Cela étant dit, il serait injuste de ne pas reconnaître les avancées substantielles qu’a connues notre système de santé ces dernières années, notamment sous la présidence de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. À titre d’exemple :

– L’introduction de l’assurance-maladie universelle, dont bénéficient désormais plus de 2 000 000 personnes vulnérables, change fondamentalement l’accès aux soins.
– Le lancement en 2024, avec l’appui de la Banque mondiale, d’un programme ciblant 2,5 millions de citoyens, avec un accent mis sur la santé maternelle, infantile, et la nutrition.
– Une amélioration continue des indicateurs de base : hausse des dépenses de santé (passées de 3,4 % du PIB en 2005 à 4,12 % en 2021), modernisation des structures hospitalières,décentralisation des services, et recrutement accru de personnel médical.
– Une réorientation du système pour le rendre plus équitable, plus solidaire, et surtout, plus accessible à tous.
Contrairement à une perception qui circule, la Mauritanie attire désormais des malades venus de pays voisins, eux-mêmes fragilisés par des crises économiques et sociales, souvent exacerbées par la pandémie de Covid-19. Sans citer nommément ces États — par respect et pour éviter toute forme de malentendu — il est notable que nos hôpitaux spécialisés accueillent aujourd’hui de nombreux ressortissants étrangers, attirés par la qualité de certaines prestations, dans des domaines comme la dialyse, l’oncologie,l’urologie, la chirurgie et la médecine interne. Cela n’est pas sans conséquences sur l’engorgement de certaines structures, mais cela atteste aussi d’un *changement de perception régional sur notre système de santé*.

Monsieur le Ministre,
Vos critiques sont entendues. Votre message est un cri du cœur que nous ne devons ni balayer, ni instrumentaliser, mais plutôt inscrire dans une volonté commune d’amélioration. Car si l’hôpital souffre encore, il ne faut pas nier qu’il est en transformation. Et vos mots, s’ils s’accompagnent du regard lucide qui a toujours été le vôtre, peuvent encore aider à affiner cette transformation.

Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre et cher aîné, l’expression renouvelée de mon respect, de mon amitié et de ma reconnaissance pour l’homme et le mentor que vous avez été pour nous tous.

Ahmed Ould Bettar

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