
Les autorités judiciaires comptent décentraliser, vers Néma, la capitale du Hodh Charghi, le procès de l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, de ses anciens ministres et ex responsables suspectés de grande corruption et de détournement de biens publics considérables, dans les dossiers détaillés dans le rapport de la commission d'enquête parlementaire, actuellement entre les mains de la justice.
Une mesure qui vise à débarrasser Nouakchott du tintamarre retentissant consécutif aux instructions visant ces suspects et à mettre fin au grand écho qui lui est donné sur les plans médiatique et politique, au point d’occuper le devant de la scène et de faire occulter l’action du gouvernement et les priorités de développement de la gouvernance du président Ghazouani.
En effet, l’intérêt accordé à ce dossier et aux enquêtes ainsi qu’aux tirs croisés entre les défenses des impliqués et le Ministère Public , en plus des querelles qui inondent les réseaux sociaux mettant en conflit les partisans et les adversaires de l’enquête en cours, ont considérablement détourné l’attention des défis auxquels se trouvent confronté le pays et qui méritent réellement d’être pris au sérieux et de susciter de la concentration et de l’engagement pour être relevés.
C’est d’autant vrai que déjà grippé par la l’inopportune pandémie du Covid-19 aux lourde conséquences économiques et sociales, le très court mandat de Son Excellence le président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, qui défile au galop, se trouve plombé par le procès en gestation de l’ex Chef de l’Etat Ould Abdel Aziz et de sa clique qui ont mis en sangsue pendant plus d’une décennie le pays, se spécialisant dans le pillage systématique et sans honte, des richesses du pays.
On s'attend donc à ce que le procès précité se déroule à l’Est du pays à la manière de celui des trésoriers soupçonnés de corruption, qui s’est tenu dans les wilayas de l'intérieur.
Cette orientation se trouve renforcée par plusieurs facteurs dont la révolution réformatrice conduite par le président Ghazouani, qui a souffert pendant des mois de la pandémie du Covid-19 et qui est actuellement submergée par les pluies diluviennes et leurs conséquences désastreuses ainsi que par la tension politique et sociale résultant du procès des personnes accusées de corruption au cours de la dernière décennie, au cas où le cours des instructions est maintenu dans la capitale Nouakchott.
En effet, organiser le procès dans la capitale, entrainera sans aucun doute la perte d'un temps précieux du quinquennat du président de Ghazouani, élu à la tête d’un pays aux caisses vides et bourré de corrompus et de cancres à tous les niveaux des articulations du système Etat.
Une gouvernance en gestation qui continue de susciter, en dépit des nombreux obstacles dressés sur son chemin, la satisfaction et l’optimisme des citoyens, surtout après la gestion réussie et remarquable des pouvoirs publics de l’hécatombe du Coronavirus, du généreux mais douloureux hivernage et la ferme détermination de la justice de ne pas laisser les seigneurs de la corruption impunis.
Autant d’éléments qui appellent à décentraliser le dossier de la corruption loin de Nouakchott et des priorités économiques et sociales.
Ce qui permettra également à l'enquête de gagner en indépendance vis-à-vis des pouvoirs Exécutif et Législatif centralisés à Nouakchott.
Le procès tendrait même vers la perfection, puisqu’il sera à l’abri à Néma, des cogitations médiatiques, politiques, tribales et internationales.